Épargne salariale : un pilier qui résiste à l’épreuve de l’inflation

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Face à l’érosion du pouvoir d’achat, l’épargne salariale reste un atout pour des millions de salariés. Malgré un ralentissement des versements, les dispositifs tels que le PEE et le PER d’entreprise confirment leur rôle central dans la stratégie de rémunération des entreprises.

Une mécanique de partage des profits bien ancrée
L’épargne salariale repose sur deux grands principes : la participation (obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, qui redistribue une partie des bénéfices) et l’intéressement (facultatif, mais exonéré de charges sociales, lié à la performance de l’entreprise). Ces sommes peuvent être versées directement ou placées dans un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) ou un PER Collectif.
 

En 2023, près de 8 millions de salariés ont bénéficié d’au moins un de ces dispositifs, pour un montant total de 26,7 milliards d’euros versés, soit une prime moyenne de 3 039 € brut par salarié. Une progression de 4 % sur un an, certes en ralentissement par rapport à 2022 (+8 %), mais qui reste notable dans un contexte d’inflation élevée (4,9 %).

Des écarts persistants entre grandes entreprises et PME
La diffusion de l’épargne salariale reste cependant inégale selon la taille des structures. 90 % des entreprises de plus de 1 000 salariés disposent d’au moins un dispositif, contre seulement 13,7 % des entreprises de moins de 10 salariés. Un écart structurel, dû en partie à la complexité administrative et à la perception d’un coût élevé chez les petits employeurs.
Les disparités sectorielles sont également marquées : les salariés de la finance, de l’assurance et de l’industrie sont mieux couverts (taux de diffusion jusqu’à 80 %), tandis que l’hébergement-restauration reste très en retrait (23,4 %), alors même que ce secteur connaît un fort turnover et de faibles marges.

Le PER d’entreprise monte en puissance
Parmi les grandes évolutions de ces dernières années figure la montée en puissance du PER Collectif, issu de la loi Pacte de 2019. Ce produit d’épargne retraite collectif séduit de plus en plus de salariés comme de dirigeants : 31,5 % des salariés des entreprises de plus de 10 personnes en disposent aujourd’hui.
 

Les raisons de son succès ? D’abord, sa souplesse à la sortie : les sommes peuvent être récupérées sous forme de capital ou de rente au moment de la retraite. Ensuite, sa fiscalité avantageuse : les versements sont déductibles de l’impôt sur le revenu (dans certaines limites), ce qui permet d’optimiser l’effort d’épargne. Enfin, pour les entreprises, il s’agit d’un levier de fidélisation jugé moins engageant qu’une revalorisation salariale pérenne.

Quelle trajectoire pour 2024 et au-delà ?
Dans un environnement économique incertain, les partenaires sociaux anticipent un recentrage sur l’épargne longue. La stabilisation de l’inflation, combinée à la nécessité de mieux préparer la retraite des salariés, pourrait renforcer l’attractivité du PER. Parallèlement, plusieurs dispositifs d’incitation à la généralisation de l’épargne salariale dans les PME sont à l’étude, notamment via une simplification des accords types et un accompagnement renforcé des dirigeants.
 

Pour les salariés, l’épargne salariale reste un outil précieux pour se constituer un capital, financer un projet ou préparer l’avenir, à condition de bien comprendre les règles du jeu : durée de blocage, modalités de sortie, fiscalité… L’enjeu, désormais, est autant pédagogique que financier.
 

Sources : Panorama de l’épargne salariale 2023 DREES (Actusite, 28 mai 2025).